Marie-Andree-Doran

Marie-Andrée Doran

L’histoire a commencé en décembre 2015. Nous avons reçu, à l’Université Laval, une délégation de la direction de l’Université Nice Sophia Antipolis (UNS), la future Université Côte d’Azur, juste avant le congé de Noël. Mme Frédérique Vidal, actuelle ministre de l’ESRI et ancienne présidente de l’UNS et ses collègues considéraient notre université comme chef de file, notamment en matière de formation à distance et pour son offre des écoles d’été et pour sa transformation numérique. J’étais présente à la première rencontre. Par la suite, comme j’étais à établir des partenariats internationaux, on m’a demandé d’être responsable de ce partenariat privilégié afin que l’Université Laval et Université Côte d’Azur deviennent des « universités sœurs ». Ce type de partenariat est très intense, tant sur le plan de la formation que sur celui de la recherche. Comme j’ai une expérience très transversale qui combine aussi la gouvernance et la gestion dans des domaines variés à l’Université Laval, à la fois comme cadre scolaire (directrice de département et d’institut, secrétaire de faculté, directrice d’un consortium international de mobilité, etc.) et comme cadre administrative (adjointe de vice-recteurs dans des vice-rectorats différents, directrice exécutive de faculté, etc.), et que je suis reconnue comme bâtisseuse, j’étais, semble-t-il, la personne désignée. Cette connaissance fine de notre écosystème universitaire est facilitante lorsqu’il s’agit d’établir des liens et de structurer des projets. À une époque où la transformation numérique de la société s’accélère, mon expertise pointue dans ce domaine est très utile dans le contexte du développement du partenariat.

Erwan Paitel, mon vis-à-vis à Université Côte d’Azur, est devenu l’un de mes meilleurs partenaires de travail et un ami. Il est très intelligent, visionnaire et efficace. C’est un homme de contacts aussi. Il est capable d’aller convaincre, il voit les possibilités tout comme je les vois. Sur le plan professionnel, nous sommes sur la même longueur d’onde. Nous pouvons faire les choses ensemble rapidement, car il est près de son écosystème de formation et de recherche, tandis que moi, je connais très bien le nôtre. Nous avons mis en place des outils numériques innovants qui permettent à nos équipes de suivre le développement du partenariat et d’en voir les résultats bien concrets.

À mon avis, la clé du succès d’un partenariat aussi ambitieux, c’est la qualité des liens entre la direction des deux universités et entre les responsables de sa mise en œuvre. Une « belle chimie » est nécessaire pour mener à bien un tel chantier. Il y a certes des défis liés au fait d’être à distance, mais c’est une aventure merveilleuse qui enrichit nos propres pratiques. Actuellement, des équipes de chercheurs UL-Université Côte d’Azur travaillent conjointement à des projets importants pour les deux communautés, notamment sur les villes intelligentes – territoires de grande ambition (TIGA), sur l’intelligence artificielle et sur cinq projets conjoints Sentinelle Nord – IDEX UCAJedi. En formation, trois chaires de leadership en enseignement conjointes ont été créées. Nous souhaitons intensifier l’offre de formations communes dans plusieurs domaines. À partir du moment où nos enseignants et nos chercheurs sont bien engagés et où il y a des projets de formation ou de recherche conjoints, la proximité est suffisante pour que Université Côte d’Azur soit considérée comme étant un partenaire prioritaire avec laquelle nous pouvons maximiser nos développements.

Erwan-Paitel

Erwan Paitel

C’est à la demande de Mme Frédérique Vidal, alors directrice du programme de formation de l’IDEX UCAJedi (aujourd’hui ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation), que je me suis intéressé à l’Université Laval. Cette dernière avait été désignée par la gouvernance de l’UCA comme université référente. Avec une offre de plus de 1000 cours à distance, l’Université Laval intéressait particulièrement l’équipe présidentielle, qui souhaitait réfléchir à ce mode d’enseignement pour les formations IDEX qu’elle mettait en place et dont j’assumais la direction opérationnelle. Je suis donc allé à la rencontre de Mmes Nicole Lacasse et Marie-Andrée Doran alors qu’elles intervenaient lors d’un colloque organisé à Poitiers sur l’enseignement pour la francophonie. C’était en mai 2016. Ce premier contact a été très fructueux. Nous avons ainsi organisé, à la fin 2016, une première délégation de Université Côte d’Azur à Université Laval. L’initiative a remporté un grand succès, car, au-delà de la formation à distance, nous y avons constaté les synergies fortes entre nos deux universités, à la fois dans nos axes de recherche, dans notre manière de gouverner, dans notre manière de concevoir la formation, dans nos relations internationales, etc. La pertinence d’établir un partenariat privilégié est devenue évidente.

La première étape passait par la création de chaires de leadership en enseignement (CLE) en partenariat: celles-ci ont été mises en place par l’Université Laval et sont vouées à la pédagogie. Elles permettent de créer de premiers corpus de travail UL-UCA parmi les enseignants-chercheurs. La première CLE portait sur la simulation médicale et est réalisée avec les facultés de médecine. Elle a été mise en place au début février 2017 et repose sur un comité de travail de quatre personnes qui, depuis, se rencontrent et travaillent ensemble très régulièrement.

S’en est alors suivie la formation de plusieurs délégations – nous en sommes à sept aujourd’hui – qui ont donné lieu à trois chaires de leadership en enseignement, à six partenariats de recherche UL-UCA, dont cinq conjoints entre les programmes Sentinelle Nord et l’IDEX d’UCAJedi. Aujourd’hui, des chercheurs de l’UCA partent en mobilité vers l’Université Laval et des chercheurs de l’Université Laval viennent à UCA. Chaque mois, j’entends que telle ou telle personne est partie à l’Université Laval ou que telle personne de l’Université Laval vient à l’UCA. C’est merveilleux. Enfin, nous travaillons à des programmes de formation communs, comme le programme M. Sc. Smart Ed Tech. Enfin, un dernier point et non le moindre: les deux universités répondent maintenant à des appels d’offres en citant ce partenariat, car il est un atout.

Avec Marie-Andrée, nous sommes les agitateurs de ce partenariat, nous avons tissé un vrai lien amical presque familial. Ce que j’apprécie le plus chez Marie-Andrée, c’est sa très grande disponibilité et l’expertise de son institution mais également sa gentillesse et ses excellentes amandes grillées au sirop d’érable! Mais maintenant Marie-Andrée et moi faisons en sorte que ce partenariat ne tienne pas uniquement à nous. Et ce qui nous satisfait le plus c’est de voir les liens qui se créent entre les autres parties prenantes de ce partenariat.

Ce partenariat représente une part significative de mon emploi du temps sur les plans tant professionnel que personnel. Il s’agit d’une expérience à l’international. À ce titre, il ouvre franchement les yeux. Il donne lieu à des rencontres professionnelles très enrichissantes. Il forge aussi des amitiés indélébiles.

On peut s’interroger sur la pérennité de ces partenariats, mais la stratégie de Université Côte d’Azur consiste à mettre en place un maillage très fort avec un petit groupe d’universités à travers le monde et de créer avec elles un véritable lien.

 

Francois-Laviolette

François Laviolette

J’ai une formation de mathématicien: j’ai fait ma maîtrise en logique et mes études doctorales en théorie des graphes. Je m’étais toujours davantage intéressé à des problèmes qui portaient sur les fondements des mathématiques. Mon intérêt à l’égard de l’intelligence artificielle est arrivé un peu plus tard, alors qu’en 2002, pour différentes raisons, j’ai été invité à me joindre au département d’informatique de l’Université Laval en tant que chercheur et professeur. J’ai commencé à utiliser mes dons en mathématiques et à réfléchir aux champs d’application dans lesquels je pourrais bien fonctionner. L’intelligence artificielle s’est imposée à moi. Cette discipline comprend à la fois des problèmes mathématiques complexes et intéressants, et sollicite la capacité de résoudre des problèmes pour le mieux-être de la société. Cet aspect m’a beaucoup attiré.

Charles Bouveyron a mis au point des méthodes d’intelligence artificielle très différentes des miennes. Dans des projets comme PULSAR ou le Medical Data Lab, nos approches seront complémentaires et nous serons probablement en mesure d’aller plus loin ensemble. Les données recueillies sont complètement disparates. C’est pourquoi nous avons besoin d’experts en analyse de données, et particulièrement en intelligence artificielle, afin que nous puissions comprendre ce qui se passe dans cet écosystème complexe. L’autre aspect intéressant associé à la combinaison de nos approches consiste à voir si nous sommes capables, dans une optique d’intelligence artificielle qui soit la plus responsable possible, de rendre les concepts davantage explicables ou interprétables.

De grandes équipes de recherche en intelligence artificielle collaborent avec nous. Le Centre de recherche en données massives de l’Université Laval regroupe 50 chercheurs. Le tiers d’entre eux s’intéressent à des problèmes reliés à la santé. Il s’agit d’une bonne force de frappe pour l’analyse de données, ce qui jouera, selon moi, un rôle extrêmement important dans cette aventure conjointe entre le Medical Data Lab et PULSAR. D’ailleurs, ce dernier projet ne verrait pas le jour sans l’apport des experts en analyse de données, car ils pourront alimenter les chercheurs de toutes les disciplines qui gravitent autour du projet. Certaines avenues sont connues et nous savons comment les utiliser puisque les algorithmes existent. Toutefois, nous nous attendons à devoir en élaborer de nouveaux ou à devoir adapter des algorithmes existants pour bien répondre aux différentes questions posées.

Charles-Bouveyron

Charles Bouveyron

J’ai toujours été intéressé par les mathématiques et par l’informatique. Je dirais même que j’ai eu du mal à faire un choix entre ces deux disciplines. Je suis allé vers les mathématiques et, lorsque j’ai eu l’occasion de produire une thèse à Inria sur un sujet en statistique appliquée avec des problèmes d’imagerie, j’en ai profité. Lorsque j’ai choisi ce sujet de thèse, l’application de la reconnaissance d’images en était alors à ses débuts. Lors de mon postdoctorat, je me suis plutôt ouvert à d’autres types de données liées aux réseaux de communication. Chaque fois, il s’agissait de sujets de recherche à la mode avec des besoins très forts et des réalisations avec beaucoup d’impacts.

Finalement, on peut dire que j’ai eu de la chance, notamment celle de travailler sur des sujets appliqués qui se sont présentés à moi, auxquels j’ai pu apporter des solutions en faisant mon travail de théoricien. J’ai également provoqué cette chance à plusieurs reprises en allant à la rencontre de collègues d’autres disciplines, notamment des collègues des sciences humaines et sociales. Par exemple, Linkage – un outil d’analyse de gros réseaux de communication (linkage.fr) – est né de discussions avec un historien médiéviste qui souhaitait analyser un réseau social d’ecclésiastiques vieux de 15 siècles! À travers des sources d’époque (des minutes rédigées lors des conciles), nous avons pu faire l’analyse de ce réseau. Au départ, nous ne prenions pas en compte ce qui se disait, nous analysions uniquement qui parlait avec qui. Il était vraiment dommage de ne pas utiliser tout le texte contenu dans ce corpus. Pendant trois ou quatre ans, nous avons mis au point une méthode permettant d’analyser de tels réseaux de communication. Linkage permet ainsi de repérer les groupes de personnes qui communiquent de la même façon sur les mêmes sujets. Par exemple, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation s’intéresse à Linkage pour le pilotage de la recherche. Cette solution lui permettrait de mettre en évidence l’interaction entre chercheurs, de connaître leurs thématiques de recherche, et même de dégager des thématiques émergentes.

Actuellement, je travaille à la mise au point d’applications liées à la médecine et à la santé associées à des enjeux très importants de santé publique. Bien sûr, c’est une thématique qui me tient à cœur, car je suis issu d’une famille de médecins. Ma collaboration avec l’Université Laval sera centrée sur ce sujet. L’Université Laval dispose d’un centre de recherche en données massives qui sera tout à fait complémentaire de notre « Medical Data Lab ». En médecine, l’échange de données est toujours délicat, compte tenu des aspects juridiques très restrictifs. Il s’agit en fait d’un sujet intéressant d’études en statistique: comment apprendre à un algorithme à détecter une pathologie à partir de données de plusieurs établissements sans que les aspects légaux de confidentialité soient rompus?

Mathieu-Leboeuf

Mathieu Leboeuf

Je suis obstétricien-gynécologue. J’ai développé une belle amitié avec l’équipe de la chaire de leadership en enseignement en santé des femmes. La cotitulaire, Geneviève Nadeau, est urologue avec une surspécialité en urogynécologie. Il y a aussi deux professeurs associés à Université Côte d’Azur; Dr Jérôme Delotte est gynécologue et Dr Christian Pradier est un spécialiste en santé publique qui s’est toujours beaucoup intéressé à la santé des femmes à l’échelle de la population générale. Ensemble, nous sommes une véritable fourmilière d’idées qui est excellente à mon avis. Nous avons des expériences différentes et un intérêt commun. Nous avons donc tous une façon distincte d’aborder un problème. C’est génial et ça fait sortir des idées.

D’un point de vue professionnel, la vision européenne apportera une variante intéressante à notre vision nord-américaine. Parmi les points qu’on a trouvés très intéressants, il y a la collaboration entre les sages-femmes et les obstétriciens en France. Ce sont les sages-femmes qui s’occupent de tous les accouchements et de tous les suivis. Les obstétriciens se concentrent sur les situations complexes. Au Québec, nous appliquons un modèle qui est parallèle. À mon avis, le modèle français est très intéressant même s’il n’est pas encore réaliste ici. Une de nos tâches sera de diriger les thèses de médecins et de sages-femmes en France, mais aussi de permettre cette discussion entre les sages-femmes et les médecins québécois.

En plus de réaliser un colloque interuniversitaire en santé des femmes pendant la durée de la chaire, nous visons le lancement d’un MOOC en 2019 ou 2020. La mise sur pied ce cours en ligne ouvert et massif sur la santé des femmes est notre gros projet. Nous sommes en train d’étudier les besoins éducatifs avec les patientes que nous traitons et avec les infirmières et les médecins avec qui nous travaillons. Nous souhaitons aussi combler un manque éducationnel afin de contribuer à réparer des défauts urinaires féminins, entre autres des chutes de vessie. C’est très difficile à apprendre et nous sommes en train de mettre sur pied un modèle pelvien chirurgical dans un matériel polymère pour les étudiants et les médecins. Par exemple, nous considérons la possibilité de recourir aux imprimantes 3D. Ce serait peut-être plus facile et moins coûteux. Nous pourrions même diffuser ce modèle pelvien mis au point par la chaire de façon à ce que n’importe qui dans le monde puisse le faire imprimer en 3D et l’utiliser dans sa pratique. C’est une idée que nous avons eue, mais il faut en parler à des ingénieurs. Ce pourrait aussi être le projet d’un étudiant en génie. Dans une institution comme l’Université Laval, il y a un expert dans à peu près tous les domaines. Il faut juste le trouver.

 

Jerome-Delotte

Jérôme Delotte

L’envie de devenir gynécologue-obstétricien m’est venue au cours de mes études de médecine. Nous devions effectuer plusieurs stages dans des disciplines diverses. À l’époque, celui en gynécologie était obligatoire. J’ai alors découvert une discipline dont le champ est incroyablement grand: on y fait de la médecine, de la chirurgie, de l’imagerie, de la lutte contre le cancer, du suivi de grossesse… C’est extrêmement vaste et passionnant. Je me suis alors dit que si je réussissais ce qu’il fallait, je deviendrais gynécologue. J’ai réussi les concours et les examens nécessaires et j’en suis heureux tous les jours. Pour plaisanter avec mes étudiants, je dis souvent qu’il y a deux catégories de personnes: il y a ceux qui sont gynécologues et ceux qui rêvaient de l’être!

Concernant le choix de mon lieu de pratique, il était essentiel pour moi que ce soit dans le secteur public hospitalier ou, à tout le moins, dans une structure qui me permettrait de défendre les valeurs auxquelles je crois, notamment l’accès aux soins pour toutes les femmes qui franchissent la porte de l’hôpital, qu’elles soient azuréennes ou d’une autre origine, quelle qu’en soit la condition. Par exemple, dans notre service, nous effectuons le suivi auprès de nombreuses femmes migrantes.

La préoccupation concernant la santé des femmes de manière plus générale est venue avec le temps. Je me suis rendu compte que cette vision plus vaste passait par une prise en charge des pathologies, bien sûr, mais également par une approche plus sociétale. Pour donner un exemple, dans le cadre des violences faites aux femmes, quand on est gynécologue, le métier ne peut pas consister à simplement faire des prélèvements. Il s’agit d’essayer de lutter contre ce phénomène. Au CHU de Nice, à l’hôpital L’Archet, nous avons ainsi mis en place une consultation pour lutter contre les violences faites aux femmes afin que ces dernières puissent demander secours lorsqu’elles en ont besoin. Au-delà de cet exemple, il y a une inégalité de soins et de traitements entre les hommes et les femmes. Pour certaines pathologies, le diagnostic est plus rapidement évoqué lorsqu’il s’agit d’un homme que lorsqu’il s’agit d’une femme, et la prise en charge, plus rapide! La manière dont les cas cliniques sont présentés aux étudiants peut influer sur le comportement global du corps médical: on crée ainsi des inégalités qui peuvent perdurer. Tout cela est injustifiable et nécessite que l’on poursuive les efforts actuels afin de favoriser une prise de conscience collective.

Grâce à la chaire de leadership en enseignement que nous avons constituée l’an dernier avec les docteurs Lebœuf, Nadeau et Pradier, nous avons déjà beaucoup communiqué sur la place de la santé des femmes dans la société. Nous avons établi des comparatifs entre la France et le Canada. L’expérience de l’Université Laval et les échanges que nous avons pu réaliser nous ont permis, entre autres exemples, d’améliorer les cours en santé sexuelle à la Faculté de médecine de Nice. Les étudiants dans le domaine de la santé seront formés afin qu’ils puissent intervenir en milieu scolaire et apporter aux élèves une information sur les enjeux sanitaires qui aura un impact à long terme. D’autres projets sont en cours concernant la francophonie… Les échanges entre nos deux universités ont vraiment permis d’imaginer de nouveaux projets!

Christian Pradier, professeur de santé publique à la Faculté de médecine de Nice, a particulièrement collaboré à cette chaire pour nous aider à concevoir des évaluations et des protocoles de recherche valides sur le plan de la santé publique. Sa vision globale populationnelle des pathologies et des mouvements sociétaux est très complémentaire. La chaire est vraiment passionnante, car toutes les approches sont possibles. Basée sur l’enseignement, l’idée sous-jacente, c’est la transmission. En effet, plus on creuse, plus on se rend compte des inégalités de traitement entre les hommes et les femmes. Et pour changer cela, il faut s’organiser afin d’agir et de transmettre.

Ainsi, au-delà de la prise en charge de la pathologie cardiovasculaire, de l’incontinence, des améliorations obstétricales, de la lutte contre les mutilations génitales, notamment, cette CLE permet une réflexion internationale sur la santé, sur l’égalité et sur la place de la femme dans la société.

Arnaud-Droit

Arnaud Droit

Dans le cadre de mon engagement au sein de la Chaire de recherche et d’innovation L’Oréal en biologie numérique, j’ai participé à une mission institutionnelle à Nice pour faire évoluer le partenariat entre l’Université Laval et Université Côte d’Azur. C’est drôle parce que beaucoup de présentations formelles ont été faites et on y abordait des thématiques très intéressantes. Cependant, un chercheur de Université Côte d’Azur était assis à côté de moi et ne présentait pas. En discutant, nous avons réalisé que nous avions des points en commun et une attitude compatible. Nous avons poursuivi nos échanges quelques jours après mon retour à Québec afin de collaborer.

Guillaume Sandoz s’intéresse aux mutations changeantes. Je suis bio-informaticien et j’avais des intérêts pour le microbiome. Ensemble, nous avons conçu un projet que nous avons soumis à Sentinelle Nord sur la compréhension des mutations dans le développement du microbiome. L’analyse du microbiome a des répercussions importantes et implique aussi des défis importants du point de vue de l’analyse des données. Comprendre et être capable d’analyser le microbiome d’une personne ou d’un endroit n’est pas simple. Cela demande des compétences informatiques assez poussées.

Je pense que les retombées de ce projet seront assez importantes puisque nous voulons comprendre l’intestin, cet organe complexe peuplé de microbes, et les interrelations que ceux-ci entretiennent. Nous savons maintenant qu’ils sont liés au développement et à l’apparition de certains symptômes qui conduisent à des maladies. Nous pouvons même envisager qu’un jour, nous serons capables de dire si telle mutation entraîne une modification de la composition du microbiome d’une personne.

La collaboration progresse très bien. Nous avons reçu récemment un financement de nos deux universités. Nous échangeons essentiellement par vidéoconférence toutes les deux semaines pour faire le point et nous sommes en train de regarder les avenues d’échanges d’étudiants. J’aimerais envoyer l’un de mes étudiants à Nice tandis que l’un des étudiants de Guillaume pourrait venir passer du temps ici, à l’Université Laval, pour favoriser le transfert de connaissances et de compétences. Je suis très enchanté […], c’est une belle initiative qui s’est mise en place.

Guillaume-Sandoz

Guillaume Sandoz

On dit de moi que je suis un «geek» de la biologie. Quand j’étais étudiant à la licence en biologie, ce qui me passionnait, c’était l’électrophysiologie, car j’aimais les mathématiques et la physique. J’avais d’excellents professeurs en biophysique qui nous apprenaient les bases qui permettaient de mesurer le courant. Ce qui est très fort avec ces techniques, c’est que lorsqu’il n’y a qu’un seul canal sous la pipette, seule l’activité de ce canal, soit celle d’une molécule unique, est mesurée. Nous avons également mis au point et utilisé des techniques de microscopie en molécules uniques permettant de visualiser ces canaux à l’échelle unitaire sans aucun traitement de l’image. Aujourd’hui, en complément de ma carrière en biologie, je garde une passion pour la technique. Depuis récemment, avec mon équipe, nous travaillons en collaboration avec les équipes menées par Stéphane Berland, à l’Institut de physique de Nice, et Sylvain Antoniotti, de l’Institut de chimie de Nice, à la mise en place d’un système de laser pour contrôler l’activité des protéines avec une résolution spatiotemporelle.

Dans mon équipe, nous travaillons sur les canaux ioniques, c’est-à-dire des canaux qui génèrent des signaux électriques permettant au système nerveux de percevoir le monde, d’intégrer l’information, de créer de la mémoire et de contrôler le comportement. Ils jouent un rôle important dans la régulation de l’humeur, dans le contrôle de la douleur ou dans le déclin cognitif. Les hormones et les neurotransmetteurs régulent ces canaux, soit directement soit indirectement par des récepteurs spécialisés. L’étude de ces canaux et de leur implication dans la migraine nous a récemment amenés à trouver un nouveau mécanisme de transmission de maladies héréditaires. Nous essayons actuellement de savoir si nous pouvons le généraliser à d’autres gènes ou à d’autres maladies.

Avec Arnaud Droit, de l’Université Laval, nous avons vite sympathisé, car nous avions un ami commun, Éric Boilard, professeur en biologie, également à l’Université Laval. Grâce au partenariat, nous allons pouvoir utiliser les bases de données bio-informatiques de l’Université Laval pour étudier les variations de génomes et vérifier si ce mécanisme que nous venons de découvrir peut être retrouvé sur d’autres gènes ou être associé à d’autres maladies.

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